La  mise  à  l’eau d’un bateau est une opération à prendre très au sérieux. Elle nécessite un certains nombres d’actions capitales pour une bonne navigation. Nanti de toute notre expertise dans la  construction navale, l’aménagement et  la réparation des bateaux,  nous consacrerons ce billet de blog aux actions à mettre en place avant et tout juste après la mise à l’eau d’un navire.

Nous partirons du postulat selon lequel le bateau a été hiverné (immobilisation du bateau pendant la période hivernale)  dans  les règles de l’art. Il s’agit à présent de la mise à l’eau du bateau pour la reprise des activités, mais en amont, c’est-à-dire avant la mise à l’eau, des opérations d’entretien et de vérifications sont  à faire sous la ligne flottaison,  dans le bateau, le moteur et la transmission ; et en aval ou juste après la mise sous l’eau les opérations de contrôles d’un ensemble d’équipements que nous détaillerons.

En  amont : avant la mise à l’eau

 

1- La ligne de flottaison

Pour rappel, la ligne de flottaison correspond à la ligne de séparation entre la partie immergée du bateau et la partie émergée de celui-ci. En effet, des actions d’entretiens et de vérification interviennent au niveau de :

  • La peinture anti végétative: il convient de gratter les parties écaillées avant de colmater les crevasses et renouveler la peinture selon les indications fournies par le fabricant. Surtout s’assurer de la compatibilité  entre la peinture  récente et celle existante. Il est important d’appliquer la peinture selon un délai raisonnable avant la mise à l’eau du bateau afin de conserver les propriétés de celle-ci.
  • L’anode sacrifice: permet  de protéger les pièces métalliques qui sont sur la partie émergées du bateau des effets corrosifs de l’eau. Elle doit régulièrement faire l’objet d’un contrôle afin de s’assurer  d’un très bon contact électrique et doit être changée au besoin. Par contre, l’anode sacrifice ne doit en aucun cas recevoir de la peinture à cause de sa composition (zinc, aluminium, magnésium)
  • Le gouvernail : il convient de contrôler l’intégrité du système, notamment de vérifier si le safran est fissuré et y scellé, vérifier si le palier s’est ovalisé et éventuellement le changé. c’est souvent le cas au bout de 25 ou 35 ans.
  • Les paliers d’arbre : la vérification intervient au niveau du jeu entre le palier et l’arbre. Si le déplacement latéral total est supérieur à un millimètre, il est recommandé de changer le palier.
  • Joint coque et quille : il s’agit de vérifier l’étanchéité des joints, une bonne liaison entre la coque et la quille
  • Passe coque : la vérification intervient sur les passes coque/valve/tuyau/collet. Il s’agit de vérifier les fissures, les signes de corrosion et la solidité des collets, la souplesse des valves, le graissage des valves.

2- Dans le bateau

 Les vérifications se feront sur les accessoires suivants :

  • Les batteries: vérifier s’il y a une fuite des électrolytes (particules électriques appelé ions), surveiller éventuellement les parois de la batterie, si elle a  gonflée très certainement parce qu’elle a gelée alors, il faudra la changée immédiatement. Vérifier le niveau de charge des électrolytes et ajusté au besoin. Enfin nettoyer graisser et rebrancher les câbles afin de recharger complètement les batteries.
  • Test du radio téléphone : vérifier les connexions des câbles coaxiaux. s’assurer l’émission et la réception des alertes.
  • Les pompes : effectuer les vérifications à partir des essais réels des pompes électriques ou manuelles, ensuite vérifier les fuites tout le long de la ligne de fonctionnement
  • Les circuits d’eau douce : généralement les circuits ont été hiverné à l’antigel de plomberie qui est une substance chimique  permettant  d’abaisser la température de congélation de l’eau, il est donc impératif de remplacer l’antigel par l’eau dans le but d’enlever l’arrière-gout de l’antigel. Brancher le chauffe-eau et tester son fonctionnement électrique. Il est possible de désinfecter les réservoirs en y mettant 1 ml d’eau de javel  par litre en fonction des capacités des réservoirs. Laisser reposer 4h puis  rincer et mettre une nouvelle eau.

3- Moteur et transmission

 C’est une étape essentielle avant la mise du bateau à l’eau. L’objectif est de faire un essai du système propulseur du navire afin de détecter s’il y a des anomalies. Ainsi, des vérifications s’imposent avant le démarrage et au démarrage.

  • Avant le démarrage : vérifier l’ouverture du réservoir du carburant ; remplacer au besoin le thermostat s’il s’agit d’un moteur à refroidissement direct ou vérifier le thermostat si c’est un moteur à refroidissement indirect ; vérifier la présence de la turbine; vérifier l’anode du moteur ; s’assurer du bon état des courroies, contrôler les filtres à carburant, faire une purge si nécessaire ; vérifier toute les fuites possibles ou des écoulements de liquides sur le moteur, s’il y a une fuite faire une vérification encore plus poussée ; vérifier le niveau d’antigel , s’il est trop bas vérifier s’il n y a pas une fuite ; vérifier la corrosion, la rouille, nettoyer et mettre de la peinture si besoin ; vérifier la souplesse de la tirette d’arrêt du moteur ; changer l’huile du moteur; contrôler le niveau d’huile de transmission.
  • Au démarrage : il est nécessaire d’installer une chaudière à l’échappement afin de récupérer l’antigel; s’assurer qu’il n’y a aucune personne autour de l’hélice pendant le démarrage ; vérifier le fonctionnement des manettes de transmission ; vérifier  encore une fois les signes de fuites éventuelles  (eau de mer, carburant, huile, antigel) ; s assurer du bon fonctionnement de l’alternateur en mesurant la tension aux bornes des batteries. Laisser fonctionner 10 minutes.

A côtés de ces trois principaux axes de vérification, il serait nécessaire de prendre du temps pour s’assurer du Mouillage (l’ancre), qui doit toujours être prêt a être mouillé afin d’immobiliser le bateau en cas de dysfonctionnement du moteur, du mât servant à soutenir les pièces nécessaires à la propulsion par le vent. A cet effet, Il  faut vérifier les sertissages, les ferrures, les ridoirs, les barres de flèches et les fixations.

En aval : après la mise à l’eau

A ce niveau, il s’agit des ultimes opérations de contrôles. Elles  consistent  à faire une visite des passes coques mentionnés plus haut, un contrôle des boulons de quilles, des sondes et du passage des câbles assurant l’étanchéité des arbres de transmissions ; le contrôle du fond de cale, en s’assurant que tous les compartiments sont secs au risque de détecter des éventuels infiltrations d’eau ; et enfin le contrôle de la température du moteur en fonction de sa vitesse de croisière.